Sève et sang

Lundi 11 Avril 2022

Ce souvenir pourrait être conté en trois mots comme en mille. Il a fondé en moi des racines profondes. Dire la nature, c'est peu, et tout dire. "La nature est un ventre dans lequel on baigne », disait un auteur. Avec joie, désespérément, je me suis nourrie à cette matrice et continue de m'y abreuver. La nature a toujours ouvert des bras solides, cette force qui a mêlé sa sève à mon sang. Quand j'avais trois ans, chez ma grand-mère Marie, je grimpais dans le mimosa en fleurs et je m'y installais pour plusieurs heures. Ses branches étaient ma cabane, ses feuilles en étaient les murs, et les fleurs mes constellations sur fond de bleu froissé. Il me semblait en toucher le parfum de tout mon corps. Je regardais le ciel avancer comme la mer avec le chaloupement des branches. Il n'y avait rien alors de plus important à faire que de faire corps avec ce mimosa. Ce souvenir est sur ma peau comme un tatouage, et mes cinq sens en gardent une profonde gratitude, si ce n'est une raison de vivre. MF

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